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    Le 14 mai 2000-14 mai 2021, 21 ans jours pour jour depuis qu’environ 350 personnes ont été massacrées à Katogota, dans le territoire d’Uvira au Sud-Kivu. Alors que la commémoration a été faite ce vendredi à Katogota, la Synergie des Associations des Jeunes pour l’Éducation Civique, Électorale, et la Promotion des Droits de l’Homme au Sud-Kivu (SAJECEK-Forces vives) s’indigne contre l’absence des autorités à cet évènement. Ce qui fait croire selon elle, qu’ils ne sont pas préoccupés par la recherche de la justice pour ce massacre.

    «14 mai 2000, l’ANC/APR massacre plus de 350 civils à Katoga. Les corps de la plupart des victimes sont jetées dans la rivière Ruzizi et les maisons brûlées par ces éléments armés. 21 ans après, aucune volonté ne se fait sentir pour que les criminels de cet acte ignoble soient interpellés et sanctionnés. Cela pouvait bien se comprendre pendant le régime passé qui était essentiellement composé des anciens membres de la rébellion du RCD dont les éléments militaires avaient perpétré ce crime.  Mais avec l’actuel régime, c’était une occasion de marquer la page noire de notre histoire. Hélas, les priorités des autorités étatiques sont ailleurs. La commémoration de cet anniversaire se passe à l’absence des autorités. Ce qui laisse à croire que prendra encore du temps avant de se saisir de cette question,» fustige cette structure dans un communiqué.

    SAJECEK regrette le fait que certaines autorités du pays et même certains politiciens s’étaient précipités il y a quelques mois; à aller s’incliner au mémorial de génocide au Rwanda, mais pour la commémoration des massacres de « nos compatriotes », elles brillent par l’absence.

    «Pourquoi pour nos propres morts, les autorités semblent n’y attacher aucune considération ni importance. N’était-elle pas une bonne occasion de voir le Président du pays s’incliner à Katogota en mémoire des victimes ? Personne ne viendra écrire notre histoire si nous même nous ne le faisons pas. À quand la vérité, la justice et réparations pour le massacre de Katogota ?» demande SAJECEK.

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    21 ans plus tard, la population locale réclame toujours que justice soit faite. Des habitants de cette contrée, qui ont commémoré cette journée dans une messe de requiem à la paroisse de Luvungi, disent avoir encore à l’esprit ce désastre; qui avait endeuillé plusieurs familles. Ceux-ci s’inquiètent sinon de voir que les autorités qui se sont succédées au pouvoir; n’ont fourni aucun effort pour que les victimes trouvent justice et réparation.

    Comme depuis plusieurs années, le Docteur Denis Mukwege, prix Nobel de la Paix 2018 n’a pas manqué de penser aux populations de Katogota qui commémorent ce 14 mai 2021, les 21 ans du massacre de 2000 perpétré par la branche armée du Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD).

    Dans une allocution lue par Emery Habamungu, son représentant à Katogota, le Docteur Mukwege rappelle que nos martyrs d’hier et d’aujourd’hui méritent nos égards et notre estime.

    « C’est de notre devoir de les magnifier. Ce serait naïf d’attendre de ceux qui les ont fauché, souvent à la fleur de l’âge, de les mettre à l’honneur », dit Mukwege aux habitants de Katogota.

    Intraitable quand il s’agit de demander justice pour les victimes des crimes odieux, dont ceux répertoriés dans le rapport mapping de l’ONU, Mukwege appelle encore une fois à se mobiliser pour la mise en œuvre des recommandations de ce rapport.

    « Je vous invite à unir nos forces dans le plaidoyer pour la mise en œuvre des résolutions du Rapport Mapping. Avec la justice pour tous, j’ai l’espoir que sur ce sol sanglant de Katogota, germeront les graines d’une paix durable », poursuit Denis Mukwege.

    Museza Cikuru

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