Accès Humanitaire

    16 agences des Nations Unies et d’autres organisations, se sont engagées ce jeudi 19 août 2021 à rester en Afghanistan malgré la crise actuelle, soulignant que les Afghans ont « plus que jamais » besoin de leur soutien.

    Elles l’ont dit dans une Déclaration commune des Principaux responsables du Comité permanent inter-agences sur l’Afghanistan; signée par l’OMS, le PAM, l’UNICEF, le PNUD, le HCR, le FAO, l’OIM, OCHA, UNFPA, la Rapporteuse spéciale sur les droits des personnes déplacées, et d’autres organisations.

    «Le peuple afghan a plus que jamais besoin de notre soutien. Nos organisations se sont engagées à les aider et à les protéger. Nous resterons en Afghanistan et nous ferons tout notre possible pour rester sur place et fournir de l’aide, en particulier aux personnes les plus vulnérables,» dit le communiqué consulté par Laprunellerdc.info.

    Au début de l’année 2021, la moitié de la population afghane, dont plus de 4 millions de femmes et près de 10 millions d’enfants, avaient déjà besoin d’une aide humanitaire. Un tiers de la population était confronté à des niveaux d’urgence en termes d’insécurité alimentaire aiguë; et plus de la moitié des enfants de moins de 5 ans souffraient de malnutrition.

    «Ces besoins ont fortement augmenté en raison du conflit, de la sécheresse et de la pandémie de Covid-19. Depuis la fin du mois de mai, le nombre de déplacés internes en raison du conflit et nécessitant une aide humanitaire immédiate a plus que doublé, atteignant 550 000 personnes. Nous nous faisons l’écho de l’appel lancé par le Secrétaire général des Nations Unies à toutes les parties (y compris les talibans); pour qu’elles cessent toute violence et se conforment au droit humanitaire international et aux droits de l’homme. Elles doivent permettre et faciliter un accès sûr, rapide et sans entrave aux travailleurs humanitaires; tant le personnel masculin que féminin, afin qu’ils puissent acheminer l’aide aux civils dans le besoin, où qu’ils se trouvent,» indiquent ces organisations.

    Selon elles, toutes les parties doivent protéger les civils et respecter les droits et libertés de chacun. Ces organisations réitèrent leur engagement à promouvoir les droits de chacun en Afghanistan, y compris des femmes et des jeunes filles.

    «Les progrès importants réalisés ces dernières années – notamment en matière d’égalité femme-homme et d’accès des jeunes filles à une éducation de qualité – doivent être préservés. Et il reste encore beaucoup à faire pour réaliser les droits des femmes et des jeunes filles. Nous continuerons à nous engager pour que cela soit le cas. Les civils doivent également être autorisés à rechercher la sécurité et la protection, y compris le droit de demander l’asile,» affirment-elles.

    À Kaboul, Djalalabad et Assadabad, des Afghans ont manifesté jeudi 19 août en brandissant le drapeau national, pour marquer leur opposition aux talibans

    Ces organisations demandent aux Gouvernements de maintenir les frontières ouvertes pour accueillir les réfugiés afghans fuyant les violences et la persécution, et à s’abstenir de tout retour forcé.

    «Ce n’est pas le moment d’abandonner le peuple afghan. Les États membres doivent apporter tout le soutien possible aux ressortissants afghans en danger; y compris par l’intermédiaire d’un moratoire sur les rapatriements. Nous exhortons les pays voisins à assurer la protection des Afghans déracinés hors de leurs frontières,» soutiennent-elles.

    Contexte :

    Kaboul, la capitale de l’Afghanistan est tombée depuis dimanche 15 août 2021 dans les mains des talibans, le mouvement islamiste radical, quelques heures après la fuite du président afghan, Ashraf Ghani qui a trouvé refuge aux Émirats Arabes Unis. Près de 20 ans après avoir été chassé du pouvoir, la victoire militaire des talibans a été « totale et sans résistance » des forces gouvernementales qui se sont effondrées suite à l’absence du soutien américain.

    Des milliers d’Américains, Français et autres étrangers vivant en Afghanistan ainsi que d’Afghans ayant aidé les Occidentaux veulent quitter le pays de peur des représailles des talibans. Surpris par la vitesse de la chute du Gouvernement et des forces armées afghanes, les Gouvernements Européens ont commencé l’évacuation de leurs ressortissants, ainsi que le personnel afghan employé dans leurs missions diplomatiques.

    Mais cette annonce suscite, sans surprise, la crainte d’une nouvelle crise migratoire en Europe. En effet, des terroristes de Daesh utilisent ce gendre de flux migratoires pour venir en Europe. Ce qui a été à la base de plusieurs attentats par le passé.

    De son côté, l’armée américaine a annoncé ce jeudi 19 août 2021, avoir évacué environ 3000 personnes supplémentaires de l’aéroport de Kaboul vers les Etats-Unis, dont seulement 350 étaient des citoyens américains. Au total, environ 9000 personnes ont été évacués par l’armée depuis le 14 août.

    Par ailleurs, le mardi dernier, l’Ouganda a déclaré qu’il est prêt à accueillir temporairement 2.000 réfugiés afghans, sur demande des Etats-Unis. Ce qui suscite une nouvelle fois l’idée d’un spectre de l’expansion du terrorisme en Afrique.  En effet, l’Est de la RDC fait actuellement face aux ADF, des terroristes venus d’Ouganda, et considérés comme le Daesh congolais par le département d’Etat américain.  L’idée de l’installation des réfugiés afghan en Ouganda n’a pas laissé indifférents plusieurs internautes qui n’hésitent pas à évoquer une théorie de complot contre la RDC, estimant que le Daesh pourrait se servir de ce flux migratoire pour renforcer ses combattants ADF à l’Est de la RDC.

    Mais pour l’instant, c’est la volonté de sauver des milliers d’Afghans menacés de persécution qui intéresse la grande majorité des défenseurs des droits de l’homme. Et ce, parce que la doctrine des talibans est à la croisée de plusieurs courants de pensée essentiellement salafistes, qui prônent un retour à un islam traditionaliste. S’y ajoutent des éléments du wahhabisme et de la culture pachtoune, son code d’honneur par exemple, qui valorise entre autres la riposte et la vengeance en cas d’offense.

    Mais les femmes sont les plus affectées. Car les talibans revendiquent une application rigoriste de la charia dans la vie quotidienne. Cela implique notamment la soumission totale des femmes : interdiction de poursuivre des études dans le secondaire, de travailler, ou de sortir sans être intégralement voilée et accompagnée d’un homme. Tout ceci, sans compter que les talibans n’hésiteront pas à punir [frapper publiquement, payer des lourdes amendes, et même lapider] les personnes ayant enfreint ces règles de l’islam radical par le passé, ou celles ayant collaboré d’une manière ou d’une autre avec les Occidentaux.

    Museza Cikuru

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