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    En mai 1960, dans le cadre du processus de préparation de l’indépendance, les premières élections législatives du futur Congo-Léopoldville donnent la victoire au MNC de Patrice Lumumba, qui, après la proclamation de l’indépendance à Léopoldville le 30 juin 1960 confie la présidence à Joseph Kasa-Vubu. En juillet, Moïse Tshombe fait sécession

    Dès cette date, les violences de ce qui deviendra la crise congolaise se multiplient, car les partis exclus du gouvernement suscitent des troubles et les forces armées congolaises se mutinent. Le contexte de la guerre froide favorise ces troubles car chaque « bloc », Ouest et Est, soutient tel ou tel parti congolais.

    Proclamation de l’Etat du Katanga

    C’est ainsi que moins de deux semaines après la proclamation officielle de l’indépendance de la RD Congo, dans la nuit du 11 juillet 1960, vers 22 heures 30, le docteur Moise Tsombé passe à la radio pour annoncer que la province du Katanga fait sécession et proclame unilatéralement son indépendance contre le pouvoir fédéral de Léopoldville (Kinshasa) du fraîchement élu Joseph Kasa-Vubu et du premier 1er ministre congolais, Patrice Emery Lumumba.

    Fils d’un homme d’affaires, Joseph Kapend Tshombe, aîné de 11 enfants et descendant direct de Mwata Yamvo, roi Lunda, Moïse Tshombé est né à Musumba dans l’actuelle province du Lualaba.

    L’administration coloniale lui refusa l’autorisation d’aller poursuivre des Etudes supérieures à l’Etranger comme l’avait prévu son père

    Il étudia dans une école missionnaire américaine méthodiste à Mulungwishi dans la Province actuelle du Haut-Katanga puis à Kanene dans la Province actuelle du Haut-Lomami.L’administration coloniale lui refusa l’autorisation d’aller poursuivre des Etudes supérieures à l’Etranger comme l’avait prévu son père. C’est ainsi qu’il fût contraint de poursuivre des Etudes supérieures de comptabilité par correspondance (Canada). Dans les années 1950, il développa une chaîne de magasins au Katanga, et s’impliqua en politique, fondant le parti CONAKAT, prônant déjà un Katanga indépendant.

    «Nous faisons sécession du chaos »

    Élu président du Katanga en août 1960, Tshombe annonça : « Nous faisons sécession du chaos » (en référence aux troubles apparus dans le pays dès la proclamation de l’indépendance). Certains analystes pensent que Tshombe a fait sécession parce qu’il n’était pas dans le gouvernement de Lumumba.

    Économiquement, il est alors soutenu par l’Union minière du Haut-Katanga (UMHK) – société coloniale belge associée à la puissante Société générale de Bruxelles et qui exploite les richesses minières Katangaises.

    Politiquement, Moïse Tshombé est appuyé par la Belgique et son armée – encore présente sur le territoire congolais – sous prétexte de la protection de ses nombreux ressortissants présents dans la province, mais également du soutien des réseaux de Jacques Foccart, le « monsieur Afrique » de l’Élysée (La France voulant profiter elle aussi de minerais Katangais) ainsi que des différentes organisations anticommunistes internationales qui craignent les ingérences soviétiques – directes ou via leurs alliés – au cœur de l’Afrique, à la faveur de la décolonisation.

    Il émet très vite sa monnaie, crée sa police et son propre drapeau

    Le nouvel Etat ainsi proclamé s’étend sur une superficie de 496.877 km² (représentant plus de 20% du Congo ou soit environ la taille de l’Espagne) avec une population de 1.709.659 âmes (soit environ 13% de la population totale du Congo en 1960). Elisabethville (Lubumbashi) est choisie comme capitale avec 4 districts centralisés et dirigés par des gouverneurs (Haut-Katanga, Lualaba, Tanganyika et Haut-Lomami). Il émet très vite sa monnaie, crée sa police et son propre drapeau (un drapeau rouge et blanc barré obliquement de vert et comportant trois croisettes monétaires katangaises).

    L’envoi de l’ONUC afin de « rétablir l’ordre au Congo »

    Mais l’Etat du Katanga ne sera jamais reconnu par l’ONU, puisque les deux superpuissances de l’époque (USA et URSS), affichent alors des positions fermement anticoloniales. La question du Congo est inscrite dans les débats de l’ONU qui envisagera une intervention militaire et demande le retrait des Belges.

    Les forces de l’ONU remplacent alors progressivement les troupes belges dans le Katanga, mais n’interviennent pas directement. Toutefois, la marge de manœuvre de l’ancienne puissance coloniale se réduit alors progressivement et, bien que le nouvel État du Katanga garde de nombreux cadres techniques et conseillers belges, il doit très tôt renforcer sa Gendarmerie katangaise en faisant appel à des mercenaires, les célèbres Affreux, parmi lesquels on compte notamment Jean Schramme ou Bob Denard. Dès lors, Patrice Lumumba se tourne ouvertement vers les Soviétiques, suivant en cela l’exemple de Fidel Castro à Cuba.

    Le 21 février 1961, près d’un mois après la mort de Lumumba (le 17 janvier 1960), les relations sont rompues entre les gouvernements congolais et katangais et la guerre reprend. Le Conseil de sécurité des Nations unies décide alors d’envoyer des Casques bleus (les forces de l’Opération des Nations unies au Congo, ONUC) afin de « rétablir l’ordre au Congo ».

    En décembre 1962, les troupes de l’ONUC finissent par prendre le contrôle d’Elisabethville (Lubumbashi) obligeant Moise Tshombe à prendre la fuite.

    À la fin de l’année, l’armée gouvernementale congolaise et les troupes de l’ONUC lancent une attaque militaire contre celles de Tshombe. Alors qu’il négocie un cessez-le-feu entre l’ONUC et les forces katangaises, le secrétaire général de l’ONU, Dag Hammarskjöld, trouve la mort dans un accident d’avion alors qu’il devait s’entretenir avec le leader katangais, qui l’attendait dans la nuit à Ndola.

    En décembre 1962, les troupes de l’ONUC finissent par prendre le contrôle d’Elisabethville (Lubumbashi) obligeant Moise Tshombe à prendre la fuite.

    En janvier 1963, il finit par se rendre et obtient l’amnistie pour lui-même et ses partisans. C’était la fin de l’Etat du Katanga qui n’aura existé que pendant 2 ans et 6 mois. C’est le début de l’exil pour le seul et unique Président de l’État du Katanga; d’abord vers la Rhodésie du Nord (actuelle Zambie), et plus tard vers l’Espagne.

    En 1964, Moïse Tshombe retourna au Congo pour prendre part à un nouveau gouvernement de coalition en tant que Premier ministre. Il prit la décision d’expulser de Kinshasa les Congolais de Brazzaville (les 2 capitales se font face, et leurs populations sont souvent mixées et parlent les mêmes langues). Il fut démis un an plus tard par le Président Joseph Kasavubu. En 1966, Joseph Mobutu, qui avait évincé Kasa-Vubu un an plus tôt, accusa Tshombe de trahison, qui prit de nouveau la fuite pour l’Espagne.

    En 1967, il fut condamné à mort par défaut pour « avoir proclamé la sécession du Katanga ; avoir aliéné l’indépendance économique du pays

    En 1967, il fut condamné à mort par défaut pour « avoir proclamé la sécession du Katanga ; avoir aliéné l’indépendance économique du pays lorsqu’il était Premier ministre en signant les accords réglant le contentieux belgo-zaïrois ; avoir constitué une armée de mercenaires ; avoir maintenu la subversion dans les unités katangaises de l’Armée nationale congolaise en vue de renverser le nouveau régime. »

    Le 30 juin 1967, l’avion dans lequel Moïse Tshombe voyageait fut détourné, suite à un complot monté par Mobutu et la CIA, vers l’Algérie, où il fut emprisonné jusqu’à sa mort le 30 juin 1969 officiellement d’« une crise cardiaque » .

    Quant à Lumumba, suite aux tensions avec Joseph Kasa-Vubu et Joseph Mobutu, il fut envoyé au Gouvernement katangais le 17 janvier 1961 où il fut exécuté le même soir, entre 21 h 40 et 21 h 43 d’après le rapport d’enquête belge. D’aucuns prétendent que Moïse Tshombe assista personnellement avec ses ministres Kitenge, Munongo, Kibwe, et les Belges Gat et Verscheure à l’exécution de Lumumba. Or, selon l’enquête menée la « Commission Lumumba » en 2001, le Parlement belge a définitivement disculpé le leader sécessionniste en mettant implicitement en cause les services de renseignements américains et belges.

    Babunga / Infocongo / MEDIA CONGO PRESS

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